L’accroissement spectaculaire des arbres, lié à un déséquilibre nutritionnel, pose de réelles questions sur l’évolution de la santé des forêts pour les décennies à venir.
Parallèlement à la croissance accélérée des forêts, les scientifiques ont constaté une baisse tout aussi significatives de fertilité des sole. En clair, le terre de vide de certains minéraux essentiels et son PH baisse. Dans les hêtrais du nord-est, les baisses de fertilité les plus fortes ont été constatées en montagne sur des sole granitiques (-60 % du taux de calcium, -19 % pour la magnésium et -16 % pour le potassium en 25 ans sur un même site). Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ces phénomènes. A commencer par l’effet prolongé des pluies acides. Les méthodes de sylviculture sont également montrées du doigt. En clair, la faible restitution d’éléments de matière morte disponible pour la végétation, après la phase cruciale de minéralisation, est un facteur clé de l’appauvrissement des sols. Ces pratiques provoquent des sorties de minéraux plus importantes que les rentrées, ce qui perturbe largement le cycle biologique des arbres. D’où l’importance de laisser au sol le houppier et le écorces, très riches en sels minéraux.
L’accroissement spectaculaire des arbres, lié à ce déséquilibre nutritionnel, pose de réelles questions sur l’évolution de la santé des forêts pour les décennies à venir. Surtout si les deux phénomènes continuent d’évoluer dans le même sens. « Pour l’heure, l’arbre dispose d’une plasticité importante ne montre aucun signe visible de faiblesse qui pourrait être attribué à la conjonction de ces phénomènes. En revanche, le densité du bois enregistre une baisse de 5 à 10 % », observe Jean-Daniel Bontemps. Ces changements, s’ils se poursuivent, peuvent-ils à terme entraîner des modifications sur les propriétés écologiques et technologiques du matériau bois ? Combien de temps la foret pourra-t-elle absorber sans dommage une croissance plus forte avec moins d’eau et moins d’éléments nutritifs ? Autant de questions pour lesquelles les scientifiques ne fournissent pour l’heure aucune réponse, même si tous sont unanimes sur le fait qu’il faut se préparer à une modification en profondeurs des écosystèmes forestiers.
> Quelle forêt pour demain ?
Quand il s’agit de la nature les prédictions sont à prendre avec prudence. Toutefois, il semple acquis que la forêt de demain sera moins dense que celle qu’aujourd’hui. « On peut penser qu’il y aura moins de peuplement à l’hectare », traduit Jean-Daniel Bontemps. Vraisemblablement, le hêtre sera en recul.
Certains scientifiques prédisent même sa quasi-disparition d’ici un siècle dans l’est de la France. Ce recul devrait logiquement se faire au bénéficie du chêne et entraîner l’apparition d’espèces plus méditerranéennes. De même, l’acidification des soles devrait favoriser des espèces comme le bouleau ou le pin.